Je devais m’y rendre

Je croyais que cela n’avait pas vraiment d’importance. Je pensais même pouvoir faire l’impasse au risque de scandaliser les aïkidokas qui lisent ces pages.
Je ne voyais pas la nécessité d’aller voir l’Aikikai de Tokyo, la maison mère de l’aïkido. L’institution qui décerne les « dan aikikai » aux ceintures noires.
J’ai toujours affirmé que le Japon n’était plus l’endroit où se trouvait l’aïkido. Que cet endroit c’est où l’on pratique. Et ce peut donc aussi être à Tokyo. Mais pas seulement.
J’ai toujours considéré que l’aïkido s’était universalisé. Né dans le giron nippon (j’aime la sonorité de giron nippon) elle s’est développée de par la dimension universelle que contient cet art martial.
Mais une fois sur place, j’ai eu néanmoins l’envie de faire ces 40 minutes de métro pour aller voir l’endroit. J’ignorais si je pourrais entrer mais j’étais prêt à me contenter d’une photo devant l’immeuble.
Après tout, l’Aikikai de Tokyo n’était pas beaucoup plus que la façade d’une organisation de type héréditaire dédiée à maintenir une ligne, un style. À éviter les dérives. Bref, une image un peu rigide et conservatrice.
Et puis je suis arrivé sur place.
Une charmante dame à l’accueil m’a accueilli avec une amabilité toute japonaise et m’a proposé de m’accompagner pour voir les dojos et prendre au passage des photos devant les plaques à la mémoire de Morihei Ueshiba et de son fils Kishomaru.

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Et il m’a fallut reconnaître que cette visite m’a touché bien au-delà de ce que j’imaginais. Le lieu rayonnait sur moi une force symbolique dont j’étais le premier étonné.
J’étais là où tant d’aikidokas prestigieux étaient venus pratiquer. À commencer par le fondateur lui-même. C’était ce lieu qu’il devait évoquer à son épouse quand il lui disait qu’il allait au boulot! Je plaisante bien sûr.
Ce lieu a activé l’ancrage de mes décennies de pratique. En quelques minutes.
J’ai su de suite que j’avais bien fit d’y venir. Même si ce ne fut que pour quelques minutes et deux ou trois photos.
Je devais m’y rendre.

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