Lorsqu’un skieur déboule a toute vitesse sur une piste et voit soudain apparaître un jeune enfant sur une luge, il vaut mieux qu’il regarde la piste et l’endroit où il veut aller plutôt que l’enfant qu’il veut éviter.
De même, après ce genre d’acte horrible, il est préférable de regarder ce que nous avons envie de voir, besoin de voir.
Ce n’est pas que nous faisons comme si nous niions l’existence de ce jeune enfant, c’est que nous voulons aller dans la direction que nous voulons.
L’énergie suit l’attention, a-t-on coutume de dire en AikiCom et je regrette la façon dont les media s’emparent de ce genre de drame pour faire leurs choux gras, pour faire de l’audience.
Il y a le fait, le drame qui va bouleverser des familles, traumatiser des centaines de personnes directement ou indirectement concernées. Et puis il y a l’immense majorité des autres. Bien sûr nous sommes touchés, bien sûr nous sommes en compassion face à cet attentat absurde avec les victimes. Plus généralement même, c’est notre humanité qui est blessée à travers les victimes de l’événement.
Mais qu’en est-il de notre curiosité morbide, comme les files qui se créent sur l’autre côté de l’autoroute à hauteur d’un accident? C’est cela qu’entretiennent les médias quand ils nous restassent en boucle les images de l’attaque, les témoignages dans les émotions.
Prendre connaissance de l’horrible fait, s’informer sur son ampleur et les actions déjà entreprises. Faire confiance aux forces de l’ordre, aux services d’assistance et si l’on est sur place proposer son aide. Espérer que nos politiques mettent en place de manière professionnelle les mesures pour minimiser au maximum les risques d’un autre attentat.
Et puis regarder la route, revenir à soi, se reconnecter dans ce qu’il y a de plus beau dans notre humanité.
Et surtout, surtout ne pas sombrer dans la haine qui est un des effets attendus par les terroristes. Regarder la route, regarder la route, là où nous voulons aller et pas ce que nous voulons éviter.
J’ai choisi cette image de la Sagrada Familia parce qu’elle est située à Barcelone, parcque cette construction me bouleverse à chaque fois que je la vois et par ce qu’elle allie génie, esthétique, spiritualité, tant de qualités qui fait notre Humanité.
Sa structure nous élève tout en reconnectant l’architecture – technologie de l’humain par excellence – avec la nature, et donc avec notre nature profonde.
Quand notre corps est malade, nos globules blancs mènent la guerre contre le virus, pas toutes les cellules de notre corps. Car nous devons encore nous nourrir, vivre, communiquer, prendre soin de nous et penser aux jours où nos sentirons mieux.
Laissons les gardiens de notre sécurité faire leur job. Invitons les médias à laisser de côté leur dimension de vautours qui se repaissent de ces drames sous prétexte que le public veut de l’info.
Regarder la route, c’est résister à la tentation de faire le jeu des vautours qui nous invitent à nous repaître des images du drame d’hier soir comme des autres qui l’ont précédé. Regarder la route, c’est prendre la mesure, de ce qui s’est passé, prendre un temps pour se relier aux victimes directes et indirectes puis s’arrêter, revenir à soi et opter, délibérément, de regarder vers ce qui nous grandit, vers ce qu’il y a de plus beau dans notre humanité, exactement le contraire que ce que ces êtres déshumanisés voudraient que l’on fasse.