Tout le monde sait ce que veut dire anticiper. C’est imaginer, prévoir, visualiser ce qui va se passer et agir en fonction de cette création d’un futur à venir.
À une époque ou tout est dans l’instant, voir le temps dans sa durée devient une qualité de notre intelligence. Notez que notre mode de vie dans l’instant n’a rien à voir avec la présence, avec le moment présent, avec l’ici et maintenant.
Nous sommes plus dans l’état d’esprit du fétu de paille qu’emporte le flux des événements.
Les ados, nos chers ados sont pleinement plongés dans cette tyrannie de l’instant. Tout occupés qu’ils sont à clapoter sur les réseaux sociaux quand soudain, ils lèvent la tête: “J’ai faim!”. Et il n’y a rien à manger. La solution est bien sûr le fast-food. Ils ouvrent le frigo et saute sur la première chose facile à manger.
Pour les études, il en va souvent de même. Nos ados postposent l’étude jusqu’à sentir la pression de l’instant fatidique qui les contraindra à ouvrir leurs classeurs.
Anticiper est cette qualité que nous avons de savoir que nous aurons une chose à faire, une soirée à vivre et anticiper cet événement. Qu’arai-je besoin? Dois-je acheter quelque chose ?
Avant de partir au boulotte de fermer la porte de la maison, ai-je mon téléphone portable, mes clés, mon dossier, mon livre ?
À défaut, c’est dans le train que je me rends compte que j’ai oublié mon téléphone.
Et le train qu’emprunte les navetteurs est un excellent contexte pour vous proposer le pendant de l’anticipation: la postification.
Postifiper c’est prendre conscience de ce que l’on vient de vivre, de faire. Se retourner et voir ce qui reste de cet instant maintenant passé. Le navetteur qui postifie se retourne et observe l’endroit où il était assis pour s’assurer de ne rien oublier. Le voyageur fait preuve de posticipation lorsqu’il repasse ans la chambre, dans la garde-robe, la salle d’eau pour s’assurer de ne rien avoir oublié. Le manager qui sort de réunion regarde ses notes, les complète, définit les actions à entreprendre, fait preuve de posticipation.
Posticiper c’est aussi prendre les leçons de ce que l’on a vécu. En déduire les corrections qui nous rendront encore plus efficaces à l’avenir.
Avant de prendre le large, s’arrêter, se retourner et observer, contempler, analyser pour emporter avec soi tout ce qui doit l’être, tant sur le plan matériel que sur le plan des leçons, des enseignements, de la mémoire.
Anticiper, et son pendant (notez le terme!) la posticipation, sont deux stratégies complémentaires qui nous assurent d’être pleinement présents, non plus dans l’instant mais dans la conscience du présent, ce minuscule moment entre passé et futur.
C’est en refermant le chapitre de ce que je viens de vivre que je peux être pleinement présent à ce que je vais faire.