Anniversaire

La voilà de nouveau cette date qui a incrémenté le compteur fatidique. Cette date qui figure sur ma carte d’identité et contribue à m’identifier à l’égal de mon nom et mon prénom. Une date où il y a 63 ans je faisais mon entrée dans le monde aérien après plusieurs mois liquides.

J’ai commencé cette journée par le splendide « La Belle Vie » chanté par Sacha Distel. J’adore sa manière de sauter d’une octave lorsqu’il chante « Oooh la .. (saut d’une octave vers le bas).. belle vie.. ».

Puis de titre en titre (oui je suis un grand adepte des « radios », ces listes de titre qui proposent des musiques similaires à celle choisie initialement), je reconnais la voix de Jean Gabin et son « Je sais ». Et je me prends à réécouter les paroles que je croyais connaître.

Et je tressaille.

J’ai toujours connu Gabin comme vieux. Au cinéma et aussi dans cette chanson. Et lorsqu’il dit plus qu’il ne chante :

Y a 60 coups qui ont sonné à l’horloge
J’suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j’m’interroge

Je prends conscience que je fête mes 63 ans. Je suis donc au-delà des 60 coups qui définissent Gabin comme un vieux arrivé à l’automne de sa vie.

Ainsi donc, je serais vieux ?

Je ne me perçois pas du tout comme cela.

Alors c’est quoi mon problème?

Suis-je dans le déni ?

Je ne crois pas. Je crois plutôt que la barrière qui définit un »vieux » a reculé. Elle a été repoussée à la septantaine (désolé mes amis lecteurs Français 😉 ). Enfin, c’est ce que je veux croire. Pour que mon expérience de vie corresponde à mon vocabulaire.

Et bien sûr, je ne nie pas d’être conscient des petits bobos, des fatigues plus précoces, des temps de récupération qui s’allongent, de l’énergie qui a perdu son caractère explosif.

Je me demande si quelqu’un n’aurait tout de même pas trafiqué mon compteur.

Et ce n’est pas la première fois.

Je me souviens, pendant des années, ne m’être jamais senti comme un adulte. Une sorte de pré-adulte attendant de devenir un adulte. Vous savez, un adulte comme dans les films.

Pourtant – et c’est sans doute l’origine de cette ambiguïté – j’ai très tôt (trop tôt?) assumé ma vie.

Et puis soudain, je me suis retrouvé au stade post-adulte sans pour cela me sentir vieux.

La semaine dernière j’ai pourtant senti le vent du boulet. J’ai bénéficié pour la première fois du « prix senior ». Une réduction de 50% sur le prix d’entrée du musée national de Budapest. Ainsi donc le monde m’avait rangé dans les « seniors », terme polissé pour « vieux ».

Dès lors, lorsque j’ai soufflé cette bougie en forme de six et de trois, j’ai ressenti une drôle de sensation. J’avais envie de dénoncer une forme de supercherie.

« 63, c’est pas moi! »

Et pourtant, 6 et 3 ça donne 9 et 9 du 3, c’est la date de mon anniversaire.

Alors, Christian, ouvre les yeux.

Tu as deux alternatives.

Soit tu te construis une représentation de ce que c’est que d’avoir 63 ans en 2023. Tu te dis que nous vivons plus vieux et en meilleure santé qu’au 20è siècle. Que se qualifier de vieux, n’est plus politiquement correct. Mais tout de même qu’il te faut bien te résoudre à accepter que c’est bien à cette catégorie que maintenant tu appartiens.

Ou alors tu tranches définitivement le noeud gordien. Tu déconnectes toute signification à ces chiffres absurdes et tu te recentres sur tes ressentis. Tes anniversaires, désormais, ne seront plus synonymes d’un an de plus. Ils seront simplement « ton jour ». Le jour où l’on te fête. Le jour où beaucoup auront une pensée pour toi. Un jour qui met en avant le miracle d’être venu au monde.

Désormais, le 9 mars sera le jour de ton universaire!

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