Cet article a été posté sur la Highway quittant Los Angeles. Je n’ai pas encore posté les images que je voulais car j’utilise la 4G de mon téléphone pour poster cette page à partir de mon iPad. Revenez-y voir un coup plus tard (encore une illustration de l’utilisation du temps de route)
Notre voyage a tout du road trip.
Durant ces 3 semaines et demi, nous faisons une boucle qui part de San Francisco et y aboutit. Notre itinéraire relie les pointillés que forment les parcs nationaux que nous avons sélectionné: Yosemite, Death Valley, Zion park, Bryce Canyon, Monument Valley, Grand Canyon.
Et nous avons ajouté quelques destinations citadines par envie ou parce qu’elles sont sur notre route. Ainsi, Las Vegas, idéalement positionnée entre la Death Valley et Zion, Saint-George qui s’est ajoutée en cours de route avec son temple Mormon, et enfin Los Angeles qui ouvre le dernier chapitre du voyage et nous offre à voir la Californie par sa côte.
Si je rappelle que notre intention à la base de ce voyage était de nous imerger dans des espaces naturels exceptionnels, nous pouvons dire “Mission accomplie”. Et d’ailleurs je me rappelle qu’au tout début, j’avais envisagé la totale: commencer par les chutes du Niagara, puis la sculpture des premiers présidents au Mount Rushmore, le Yellowstone et ses geisers pour enfin faire les parcs Yosemite et les autres que nous avons fait. J’avais envisagé ce grand tour en faisant des sauts de région en région en avion. Une autre idée qui m’avait traversé, c’était de parcourir la légendaire Route 66 qui part de Chicago et rejoint Los Angeles.
Au final notre voyage a pris la forme actuelle. L’idée de prendre l’avion entre les différents États ne me séduisait pas.
C’est donc la forme “road trip” qui a pris le dessus.
Cette formule permettait d’inclure la Route 66, du moins dans une petite partie. Celle qui traverse l’Arizona et la Californie.
C’est ce que nous avons fait ce dimanche 12 mai en quittant le Grand Canyon. Nous avons roulé vers le Sud pour rejoindre Williams, petite ville sur la Route 66 puis nous l’avons empruntée en passant par Seligman, Hackberry, Peach Strings puis Kingman où nous avons déjeuné.
L’après-midi nous avons empruntéla 66 qui a traversé un col pour rejoindre dans la montagne Oatman, ancienne bourgade qui s’est développée autour de la principale mine d’or d’Arizona. Étonnament, Oatman doit son nom à une jeune fille qui a été enlevée par les ..
Oatman est restée vivante en passant de l’or au tourisme et en réduisant sa population d’une dizaine de milliers d’habitants à une centaine, plus quelques ânes vaquant dans les rues en totale liberté.
Je dois dire que la Route 66 m’a déçu.
Je n’ai pas retrouvé les images que j’avais en tête. Les bâtiments (store, gas station et autres restaurants et saloons) avaient bien ce look de la période de gloire de la Route 66 mais la route n’avait rien d’un parcours attractif. Difficile de savoir si on est dans l’attrape-touriste ou les réminiscences d’un certain passé.
Peut-être faut-il faire cette route en Harley Davidson pour la savourer comme il se doit. Qui sait..
La route 66 dans le dernier tronçon que nous avons parcouru fut le plus agréable. Une vingtaine de miles dans un paysage de désert. Une température de 35° et une route qui serpente et ondule de manière lascive et totalement indifférente.
Nous avons donc arrêté de poursuivre un mythe que la vraie route n’avait jusque là pas réussi à nous faire vivre et sommes monté à Topock sur la Highway 40 qui nous a ramené en Californie.
Avant de nous arrêter pour la nuit à Burstow, ville choisie pour la seule raison qu’elle nous approche de Los Angeles, nous allons encore jeter un oeil sur le Bagdad café, lieu où se déroule le film éponyme avec la merveilleuse chanson “I’m calling you” interprété de manière admirable par Jevetta Steele.
OK, c’est très bien tout ça. Mais quel rapport avec le titre de cette page de ton carnet de route, Christian?
Et bien oui, merci de me le rappeler.
La formule road trip et les distances énormes à notre échelle d’Européens pourraient faire penser que ces longs trajets n’étaient que des moments creux. Un mal nécessaire en quelque sorte.
Et bien non.
Si au début j’ai pu craindre que cela soit comme ça, dans la réalité l’expérience fut toute autre.
Ces trajets ont connecté les étapes (connecting the dots comme disent les anglophones). Si nous avions fait ces trajets en sauts de puce en avion, nous aurions fait un voyage haché, décousu si vous préférez.
Nous avons vu les paysages évoluer de miles en miles. Nous avons fait des haltes, parlé au personnel des magasins et cafés, échangé avec d’autres voyageurs arrêtés à la même pompe à essence.
Et pendant que nous roulions, le convoyeur relisait les notes de préparation du voyage, lisait les guides de voyage, prenait des photos ou filmait, choisissait de la musique ou préparaitun biscuit ou tendait la bouteille d’eau fraîche.
Sur les plus de 2200 miles parcourus jusqu’à présent, rares furent les moments où la route nous a apparu longue. Tant il y avait de quoi voir, découvrir, préparer, anticiper. Et c’est sans doute aussi durant ces voyages que nous avons le mieux perçu le mode de vie américain, en observant leur milieu de vie si différent du nôtre mais également dans nos nombreuses interactions.
Si ces parcs nationaux nous ont donné à voir des merveilles, nous avons aussi eu des moments de découverte et de rencontre relevant certes pluis de l’ordinaire que de l’exceptionnel mais qui donnent du corps, de la saveur à ce voyage.
J’en veux pour exemple ce couple rencontré ce matin sur la route 66 à une pompe à essence désaffectée. Ils provenaient de Washington si je me rappelle bien et ils nous ont croisés alors qu’ils venaient de Las Vegas où ils s’étaient mariés et se rendaient maintenant au Grand Canyon. Tellement surprenant.
C’est donc entre ces lignes merveilleuses que écrites par les Zion, les Bryce et autres Grand Canyon que notre voyage a pris forme.
Les infinies lignes droites, les épingles à cheveux et la neige du nord du parc Yosemite, les plaisanteries avec le personnel des magasins (comme lorsque j’ai dit à ce caissier que j’étais probablement le premier client belge de sa journée ou même de sa semaine et qu’il m’a répondu avec un grand sourire: “..De l’année ou de ma carrière!”).
Définitivement il y a de l’or dans l’ordinaire