Vendredi 17 octobre 2025
Il est des matinées où le temps se plie. Ce matin, nous avons quitté notre chambre à deux pas de la place Syntagma, cœur battant de l’Athènes moderne tout en fébrilité avec ses klaxons et ses passants affairés. Deux heures plus tard, nous étions suspendus entre ciel et terre, sur l’Acropole, face à l’éternité.

Avant de nous lancer à l’assaut de l’Acropole, nous avons profité d’un café frappé, attablés en terrasse près de l’Agora grecque. Un frappé bien mousseux, un agréable soleil diffusant une douce température et juste là, à quelques mètres, ces pierres anciennes où tout a commencé : la démocratie, les débats, la parole libre. Que penseraient les Athéniens de l’époque s’ils voyaient l’état de nos démocraties et surtout le chaos de la communication actuelle où tout est dit et n’importe comment. Socrate boirait sa ciguë une seconde fois, accablé de voir que nous avons tant d’outils pour parler, mais si peu de sagesse pour écouter et que le bavardage qu’il dénonçait sur l’Agora n’était rien comparé au vacarme incessant des fake news et des propos polarisés à outrance.
L’Acropole : entre splendeur et cohue
Midi. Nous attaquons la montée vers l’Acropole. Le ciel est d’un bleu éclatant, le soleil généreux. Parfait !
Puis on arrive… et là, le choc : un monde fou ! Des groupes, des perches à selfie, des guides qui crient dans toutes les langues. On se regarde, on sourit jaune : “Si c’est ça en octobre, n’imagine même pas en août !”
Mais bon, on est venus pour ça. On se fraye un chemin, regard admiratif pour le temple Nike Athena, progresser à la queue leu leu à travers le Propylée… et puis … on le voit.

Le Parthénon.
La foule semble soudain disparue. Une sorte de silence s’impose malgré le bruit, il impose de l’intérieur.
Blessé mais debout, le Parthénon nous regarde depuis 2500 ans et libéré depuis trois semaines de ses échaffaudages qui le défiguraient . On reste là, bouche bée. Les colonnes, le marbre qui brille sous le soleil, la perfection des proportions…
Ce n’est plus un monument. C’est une présence.

Nous prenons le temps d’écouter la voix de l’application dans mon smartphone qui est notre guide pour cette visite de l’acropole.
Nous marchons, nous asseyons, photographions, imaginons.
Du haut du point d’observation surmonté du drapeau grec, la vue sur la ville est magnifique. Quelle chance on a avec le temps! On annonçait de la pluie et celle-ci nous donne le temps de prendre le temps.
Puis c’est le temple d’Erechteion et les Caryatides, tellement impressionnantes.
Ces monuments, nous les voyons pour la première fois mais nous les avons déjà tellement vus.
Il n’y a plus de surprise mais reste l’étonnement.
Cela fait déjà près d’1h30 que nous sommes là et les dieux semblent vouloir nous faire revenir dans le présent. Le ciel s’est obscurci et déjà quelques gouttes: il est temps de redescendre !
Athènes nous rattrape
On se concentre sur les marches glissantes réfugiés sous l’anorak de Blanca puis la pluie cesse et nous continuons notre descente vers la ville avec une étape dans un petit resto sympa qui fait de nous des “mythos”!

Un gyros et un expresso plus tard, comment résister à l’envie d’en voir plus, d’en savoir plus. Et pour ça quoi de mieux que la magnifique musée de l’Acropole. Les Anglais avaient dit aux Grecs, qu’il n’était pas envisageable de restituer les reliefs volés sur l’acropole tant qu’ils n’auraient pas un musée capable de les accueillir dans de bonnes conditions.
Le musée est là. Depuis 2009. Les marbres du Parthénon sont toujours au British Museum.
Et pourtant, ils ont bien fait les choses, les Grecs. Le deuxième étage a les dimensions du Parthénon et il est orienté comme le Parthénon ce qui donne un deuxième étage décalé par rapport aux étages du dessous. Les marbres manquants sont remplacés par des sculptures de plâtre que l’on peut admirer à la lumière du jour. Génie de conception.

Dans le musée, stupéfaction: les Caryatides sur l’acropole n’étaient pas les vraies. Et dans le musée, le vide béant de la Caryatide manquante qui doit se languir au British.
Une promenade pour redescendre sur terre
On quitte le musée les jambes lourdes, la tête pleine. On a besoin de calme, de verdure.
Direction les Jardins Nationaux, juste derrière Syntagma. Que c’est bon ! Les arbres, quelques perruches, un calme relatif… On approche des 18.000 pas de cette journée et nous avons envie d’arriver
Nous arrivons enfin dans notre chambre, épuisés mais comblés. Une douche, un moment allongés, les yeux fermés. Les images défilent.
Un dernier toast à Athéna
En fin de soirée, pour clore cette journée parfaite, nous rejoignons le Brettos, ce vieux bar-distillerie de la Plaka aux centaines de bouteilles colorées qui brillent comme des vitraux.
Pour moi un mojito mastic, pour Blanca un Ouzo, nous levons nos verres. À Athéna. À cette journée.
1 commentaire
Gilly
Le titre m’a fait fait peur, “Sur le front”… Tu voulais dire sur le frontispice…
Mais, quel bonheur de te lire et de vous voir.
L’Olympe t’inspire assurément.
Bonne continuation.
Patrice