Delphes : quand le lieu vous habite

Nous arrivons à Delphes sous un ciel incertain. La pluie du matin s’est calmée, mais les nuages restent menaçants, lourds, comme suspendus au-dessus des montagnes.

Dilemme : visiter maintenant ou attendre demain matin comme prévu ? Nous hésitons. Une éclaircie timide se dessine. On se regarde, Blanca et moi. Allez, on y va.

Et là, quelque chose se passe.
L’avantage de la météo c’est qu’il y a peu de touristes. Quelques centaines de mètres et nous pénétrons sur le site archéologique qui se déploie sur le flanc du mont Parnasse (si si, vous avez bien lu et c’est de là que vient le nom de ce village de Paris, dixit le Routard).

Dès les premiers pas, quelque chose d’inattendu, de puissant, que je ne peux pas vraiment expliquer.

Delphes me prend au corps.

Les aigles lancés par Zeus des deux extrémités de la Terre, ne se sont pas rencontré pour rien, ici.

C’est bien ici que se trouve le nombril du monde (Omphalos).

Et moi qui croyait que c’était moi! 🤪

Redeviens sérieux Christian. Remet toi dans l’ambiance du lieu.

Le site est plongé dans une ambiance mystérieuse. Le ciel gris y est pour quelque chose. Dans la vallée, des nuages masquent les oliviers puis nous les révèlent.

Cette vue magnifique qui nous est dispensée de manière changeante et totalement imprévisible transforme ce qui peut paraître banal en été en cadeau prodigieux de chaque instant.

Des ruines on en a déjà vues et celles-ci pourraient sembler comme les autres. Mais ce n’est pas le cas.

Est-ce le temple d’Apollon qui abritait la Pythie et dont les oracles ambiguës ont fait venir à Delphes le gratin du monde Antique?


Ou alors ce théâtre antique reconstruit plusieurs fois?
Non. C’est autre chose.

C’est le lieu lui-même qui parle.

Nous sommes presque seuls. Quelques visiteurs épars, silencieux, se déplacent lentement entre les colonnes. Pas de groupes, pas de selfie sticks, pas de guide agitant vers le ciel un parapluie et suivis par un groupe de touristes moyennement intéressés. Juste le silence des pierres, le bruissement du vent et cette brume légère qui enveloppe tout, qui adoucit les contours, qui ajoute une épaisseur à l’air.

C’est physique. Une énergie monte du sol, les pierres murmurent, la brume métamorphose. Rien d’intellectuel, rien de rationnel: un émerveillement esthétique, un lieu chargé, marqué par son histoire.

Lors de notre visite à l’Acropole, j’étais impressionné. Comment ne pas l’être ? Le Parthénon est magnifique, monumental, parfait dans ses proportions. C’est l’icône absolue, l’image que le monde entier connaît.

Mais j’étais dehors. Spectateur. Admiratif, certes, mais extérieur.

À Delphes, je suis dedans.

Le lieu ne se regarde pas. Il se ressent. Il vous traverse. Il vous habite.

La brume qui a créé cette atmosphère irréelle, presque onirique, l’absence de foule qui a permis au silence de reprendre ses droits, la configuration même du site tout a pu contribuer à la magie de ce sanctuaire posé entre ciel et terre, suspendu entre la montagne et la vallée.

Mais je serais plutôt porté à croire que certains lieux portent quelque chose.

Les Grecs le savaient. Ils ne choisissaient pas leurs sanctuaires au hasard. Ils cherchaient ces endroits où la terre parle, où les forces invisibles se concentrent, où le voile entre le monde des hommes et celui des dieux semble plus mince.

Quelque chose circule ici. Quelque chose que les mots ne peuvent pas vraiment saisir.

Nous restons longtemps. Bien plus longtemps que prévu. Nous montons jusqu’au théâtre, jusqu’au stade. À chaque niveau, la vue s’élargit, la vallée se déploie davantage. Mais ce n’est pas la vue qui me retient.

C’est cette sensation de n’avoir aucune envie de partir.

L’Acropole m’a impressionné par sa majesté.

Delphes m’a touché par sa présence.

5 commentaires

  • Epoque idéale pour rendre visite aux cités antiques. Vous n’avez pas manqué l’Aurige de Delhphes, j’espere. Profitez bien

    • A

      non, on ne l’a pas raté, et j’ai même une anecdote : un ami américain d’origine grecque, le professeur de sa maman a contribué à sauver l’auriga de la destruction durant la deuxième guerre mondiale!

  • Les bâtisseurs de cathédrales avaient également cette perception vibratoire des lieux.
    Vézelay, par exemple.
    Et l’oracle ?

    • A

      Absolument. L’oracle nous a dit de ne pas nous fier aux prévisions météo qui annoncent de la pluie et jusqu’à présent (sauf au Piree) on n’a eu que peu de gouttes à subir.

  • La brume rend les photos et sans doute l’endroit féeriques. Quel chance d’avoir fait cette visite privatisée !

    Merci pour les partages
    Profitez bien

Laissez votre commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Inscription à l'e-mail d'info de Christian.
Un envoi à chaque fois que je publie une page de mon récit de voyage.

Non je ne te spammerai pas mais attend-toi à recevoir un email pour chaque article posté. Je ne communiquerai ton email à personne bien évidemment.
Tu peux te désabonner à tout moment. Il y a un lien pour te désinscrire en bas de chaque email envoyé.